A cette époque un ouvrier gagnait par mois de 800 à 1000 francs. Un serrurier était payé 6 à 7 francs de l'heure et un tourneur en usine 11 à 12 francs. Une voiture coûtait dans les 30 000 francs. un kilo de beurre 12 francs.
Les montres étaient prévues pour durer toute une vie et elles se passaient parfois de père en fils. Sinon c'était le premier gros cadeau, celui qu'on offrait au garçon pour sa communion ou son certificat d'études. C'était souvent le premier objet qui lui appartenait en propre.
Les anciennes montres attachées à une chaîne et qu'on rangeait dans la poche du gilet, s'appelaient des "oignons" (à cause de leur forme) et la chaîne était une "léontine", puis la modernité venant on a offert des montres bracelets.
La petite histoire du musée 1/2
Cette page raconte l'histoire du magasin d'horlogerie "Georges Lemoine" qui est devenu par la volonté de sa fille, Madame Dubernet, le Musée Horloger de Lorris. C'est d'un recueil écrit par sa fille que sont tirées ces lignes.
Horlogerie
J'ai quitté l'école l’année de mon certificat d'études mais je ne l'ai pas passé car ce jour là j'avais une angine ... Il n'était pas question de retourner en classe l'année d'après vu que j'avais onze ans, l'âge de l'apprentissage. J'ai d'abord été placé rue de Châtillon dans le quatorzième arrondissement à Paris chez mon cousin Camille qui était horloger. Personnellement j'aurais préféré la petite mécanique mais il n'était pas question de protester, le cousin était horloger, j'ai appris l'horlogerie. Par la suite, après la guerre j'ai trouvé une place chez un patron de Levallois, dans la banlieue parisienne et j'y suis resté vingt ans. Puis il a vendu son fond pour se retirer à la campagne ; je l'aurais repris volontiers mais il était trop cher pour ma bourse et c'est à Lorris, après bien des recherches que j'ai trouvé quelque chose dans mes possibilités. Les horlogers sont des gagne-petit au point que le plat de pommes de terre cuites à l'eau et que l'on mange avec du beurre s'appelle chez nous des "poulets d'horlogers" !
Je savais réparer toutes les montres et le cas échéant je pouvais faire moi-même les pièces manquantes. Les montres dont certaines étaient en or de différentes couleurs coûtaient très cher - le prix de plusieurs paires de poulets. C'était, dans ces années de crise économique, un achat très important.
Le lieu
Nous sommes à Lorris, dans les années quarante, chef-lieu de canton du Gâtinais, la ville comptait alors 5000 habitants dispersés pour la plus part dans les fermes des environs.
Il n'y avait pratiquement pas de voiture automobile, on circulait le plus souvent à bicyclette. On attelait la carriole pour venir au marché du jeudi vendre les lapins et les volailles et faire "en ville" les achats indispensables. Il était très important de pouvoir se fournir sur place car les travaux des champs n'attendent pas.
Aller jusqu'à Montargis distant de 25 kms était alors une grosse affaire et le client qui s'y risquait était perdu pour le commerce local.
L'horloger se devait d'être polyvalent. Quand une montre était vraiment irréparable (soit qu'elle vienne du trisaïeul soit qu’elle soit tombée à l'eau) il devait pouvoir la remplacer. Comme les jolies montres étaient des cadeaux de valeur le plus souvent en or, mon père vendait aussi tout ce qui se faisait en or ou en argent. Comme le précise le papier à lettre, il vendait aussi du matériel d'optique et de photographie, de ce fait il participait indirectement à la vie de chacun de ses clients. Alors raconter la vie du ménage revient à faire une radioscopie de la vie du village dans ces années-là, d'autant plus que le magasin comprenait deux vitrines, la seconde était réservée à ma mère qui, elle, s'occupait des chapeaux et des voiles de mariées"
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