Lunettes
On n'avait pas l'habitude, comme de nos jours de consulter un ophtalmologiste, quand on avait la vue qui baissait. On se rendait, une fois encore, chez "Msieur l'Moine" en qui on avait une absolue confiance.
Les clients venaient quand ils pouvaient, - pendant les heures des repas et même le dimanche matin. Mais le seul jour où il y avait vraiment du monde, c'était le jeudi à cause de l'important marché aux volailles qui se tenait sous la halle, juste en face du magasin. Celui-ci chaussait le nez de son client d'une monture spéciale et il y posait des verres, puis il lui présentait un texte à lire. Quand le résultat était satisfaisant, il ne restait plus qu'à monter les verres sur une des montures choisies dans la vitrine.
Chapeaux
L’horloger n'était pas le seul à partager les grandes heures de Lorris, car sa femme tenait le magasin de mode.
On faisait alors les chapeaux, le plus souvent à partir d'un morceau de sparterie (genre de canevas en fibre végétale) que l'on taillait en trois morceaux : le fond, le tour de tête et le bord, et que l'on recouvrait de tissu. Pour les deuils c'était du crêpe noir, pour les élégantes on moulait à leur tour de tête des chapeaux de feutre. Deux ouvrières venaient chaque jour travailler à la maison.
Pendant la morte-saison, elles préparaient en tressant des rubans, les garnitures et les motifs d'ornement pour les chapeaux d'été. Le jour du mariage ma mère allait "coiffer la mariée" à domicile, c'est-à-dire, attacher avec des épingles le voile blanc après la couronne de fleur.
Donc on préparait le mariage du "gars" avec sa "boelle", comme on disait dans le patois du pays, et c'est chez le bijoutier que la famille et les amis venaient acheter les cadeaux de valeur car mon père bénéficiait d'une réputation justifiée de commerçant consciencieux et honnête. On lui achetait des ménagères (fourchettes, cuillères, couteaux, petites cuillères, des pelles à tarte) des services à gâteaux, des services à liqueurs, des garnitures de cheminée en marbre, et même au début de la faïence de Gien. La vie suivait son cours par la naissance du premier bébé "le petit canouillat", comme on le disait alors. La marraine et le parrain qui comme par hasard s'était trouvés garçon et demoiselle d'honneur au mariage et qui s'était souvent fiancés dans l'intervalle offraient au nouveau-né, la timbale et le coquetier ou le couvert gravé au prénom du bébé. C'était souvent le grand-père qui venait payer la gravure. .. Il en profitait pour faire changer ses verres de lunettes.
Photos
Le jour de la noce était mémorable. Cet événement mobilisait de nombreux invités et on le fixait sur la plaque (non pas sur la pellicule). Mon père s'était mis à la photo parce que son prédécesseur la faisait; c'était les débuts. En cas de mariage, l'horloger troquait sa blouse noire contre son beau costume et partait en vélo, quel que soit le temps, avec son trépied et tout son matériel pour photographier les mariés et le cortège à la sortie de l'une des églises des environs:
Noyer à 3 kms, Varennes à 12 kms. Ensuite, il développait, tirait, agrandissait les photos, après avoir fait les retouches nécessaires dans une chambre noire, Le plus souvent il y passait une partie de la nuit, ce qui ne l'empêchait pas le lendemain matin dès neuf heures de redevenir horloger.
C'était vraiment un travail d'homme-orchestre mais son prédécesseur faisait encore pire, car il était "violoneux" et accompagnait le cortège avec son "crincrin"
La petite histoire du musée 2/2
Bijouterie - Orfevrerie
La vie s'articulait alors autour de quelques dates marquées par des cadeaux rituels. Après la montre du certificat d'études, venaient les cadeaux de Communion. Là on offrait alors des chapelets, des bijoux. Plus tard c'était la bague de fiançailles que le "promis" venait faire choisir à sa "promise", certains, plus prévoyants que d'autres venaient quelques jours à l'avance (et seuls) pour préciser de quelle somme ils disposaient. Enfin ils achetaient les alliances. Ils mesuraient les dimensions de leurs doigts avec un "triboulet". Il n'est arrivé qu'une fois à ma connaissance qu'on achète à Lorris une alliance en platine.
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